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Depuis une semaine ATSA a convié les gens à alimenter le diaporama #ATSAdormirdehors.
#ATSAdormirdehors est une campagne de reconnaissance photographique envers la réalité inacceptable de la vie dans la rue en publiant sur les réseaux sociaux avec #ATSAdormirdehors des photos de dormeurs itinérants avec la ligne éthique de ne pas reconnaître la personne ni le lieu où elle dort ; et de ne pas la déranger. On peut nous envoyer les photos à info@atsa.qc.ca ou les publier soi même avec #ATSAdormirdehors.
Voir le diaporama sur Instagramm atsa_mtl
Ce projet suscite une controverse dont nous sommes conscients et désolés à la fois. Le projet est « borderline » car il est délicat – voire inacceptable pour certains - de prendre une photo d’une personne, même si on ne la reconnaît pas et de la mettre sur internet. Cela est vrai. Ce n’est cependant pas une personne en particulier que nous voulons montrer mais la multiplication de la situation d’itinérance avancée dans laquelle trop de personnes se retrouvent. Nous en avons parlé autour de nous et au regard des discussions nous avons décidé d’aller de l’avant avec le projet. Étant ouvert à la critique, nous avons
1-Proposé des modifications en mettant une note à côté de la personne.
2-ATSA a cessé de publier des photos sauf celles de sans-abri eux même qui nous envoi maintenant des photos...
3-Renconré des sans-abri de La maison du Père lors d,un atelier du groupe EXEKO qui nous ont donné un autre son de cloche.
Lisez leur commentaires:
« L'idéal est certainement de demander la permission mais dans ce contexte, c'était pratiquement impossible. La photo est respectueuse car on ne reconnaît pas la personne sauf si on la connait déjà. On aime que ce soit une photo de la vrai vie ce qui n'aurait pas été possible en réveillant la personne ou en lui demandant la permission, ou en "stageant" la photo. L'intention de sensibilisation est claire surtout avec le texte à côté qui demande à ce que l’on ne reconnaisse pas la personne ni son lieu de sommeil. Il n'y a pas d'humiliation possible, c'est juste la vérité. Le projet est fait sans finalité commerciale, il est important d'en parler. C'est plus important de faire des photos et de montrer la situation que de ne pas le faire. J’aurais été content de m'y retrouver et que ma réalité serve une oeuvre plus grande que ma portée de parole, et tant mieux si on me reconnaît ! Parfois, ceux qui chialent parlent au nom des autres. »
L’éthique du projet reste de ne pas reconnaître la personne ni le lieu où elle dort, mais l'organisme de Pairs-Aidants nous propose cette étape :
Nous demandons maintenant aux gens qui veulent nous envoyer des photos (croyez-nous il n'y en a pas beaucoup qui s'y risque!), de le faire en demandant à la personne son accord mais comme en réalité on ne veut ni ne peut la déranger dans son sommeil, il est préférable de lui laisser la note ci dessous. Cette option est selon l'ATSA, une roche dans l'océan et il est peu probable que la personne entre en contact avec vous.
Nous proposons aussi aux différents centres qui travaillent avec ces personnes d'en profiter pour y participer eux même afin de dénoncer leur propre sort. Il n'y a pas de recette parfaite car la personne ne lira peut-être pas le français, ne saura pas lire...bref, peut-être qu'en ayant une ligne pure et dure, ce projet ne peut tout simplement pas exister...tout de même:
NOTE PROPOSÉE : Bonjour, j’ai pris une photo de vous entrain de dormir dehors pour un projet artistique…venez parler à Annie Roy ou Pierre Allard du 21 au 24 novembre sur la Place Émilie-Gamelin, entre 11h et 23h ou envoyez-nous un courriel à info@atsa.qc.ca afin que nous vous expliquions notre projet artistique de dénonciation du sort des personnes de la rue. Il y aura pour vous des repas et vêtements chauds, de l’art et un contexte de rencontre stimulant et chaleureux. On vous attend !
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Nous pensons que l’aspect le plus provocant de la campagne est : " Si cette photo est possible, c’est que cette personne est actuellement dans une situation inacceptable au moment même où on la prend et que nous devrions tous être en État d'Urgence collective à son sujet et lui donner un toit". C’est le message que nous voulons lancer.
De nos jours, comme le dit M. Jean-Marc Fontan, professeur de sociologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), l'itinérance est le "terminus de l'indifférence" et nous voulons dénoncer cette indifférence. Il nous semble de la plus haute hypocrisie de se promener à côté de personnes dans cet état et de faire comme si on ne les avait pas vues. C’est une manière pour nous de dire : « Je t’ai vu ».
Le contexte de diffusion plus global de ce projet est aussi important. Il s'inscrit dans une tradition événementielle et artistique de l'ATSA qui depuis 16 ans fait un évènement artistique et de solidarité sociale avec la rue sur la place Émilie-Gamelin et qui met cette réalité de la rue bien visible, tout en l’aidant concrètement. Les personnes précaires y sont très impliquées. Nous donnons du travail à des gens de la rue pendant l'évènement, des repas, des vêtements chauds, des spectacles gratuits et une implication citoyenne solidaire importante de milliers de personnes s’y manifeste depuis toutes ces années et démontre les racines profondes de notre volonté à contrer leur exclusion.
Bien que nous comprenions totalement le malaise (nous avons en fait voulu l’accentuer pour qu’il arrête de passer inaperçu), nous croyons que le réel malaise est celui de laisser ces personnes dans un état « d’épave humaine » dans la rue. Montrer leur état est une manière de ne pas se mettre la tête dans le sable. De notre côté, après 16 ans d'effort, nous voyons à quel point il est difficile de provoquer l'attention autour de l'inacceptabilité du sort des gens de la rue. Les réseaux sociaux peuvent être une plateforme qui remet le sujet à l'ordre du jour et ailleurs que dans les milieux déjà connaissants de la question.
Tout cela est effectivement très choquant...en espérant que cela provoque de la compassion menant à plus de solidarité, c'est notre but.
Voir l'évolution du diaporama sur Instagramm
Lire le texte en Libre opinion dans le journal Le Devoir