MOT DES ORGANISATEURS
Annie Roy et Pierre Allard
Confondateurs de l'ATSA
Dix ans d’État d’Urgence est un énorme engagement.
Nous avons commencé avec un bébé dans les bras et on a maintenant une grande fille de dix ans qui n’en a pas manqué une année et un petit de six ans qui s’inquiète qu’il n’y ait pas de maison pour lui quand il sera grand car il ne peut comprendre qu’on laisse des gens dormir dehors l’hiver…
Quand l’ATSA a décrété son premier État d’Urgence, en 1998, on « célébrait » le 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. C’est en fait ce qui en a généré la création. Le portrait global concernant les droits de la personne est peu reluisant. Partenaire de ÉTAT D’URGENCE, Amnistie internationale est là pour témoigner de cette réalité sur le plan international.ATSA crée des ponts entre le geste symbolique - le geste d’art, le monde des idées - et le geste concret, celui qui est à la portée de chacun d’entre nous pour faire avancer des causes dans notre vie quotidienne.
Il y a énormément à faire en ce qui attrait à l’itinérance. L’État d’Urgence ne réglera pas le sort de la pauvreté mais tente d’offrir un lieu de connexion avec et pour ces personnes marginalisées. Ici le rôle de l’art, marié à un contexte concret d’entraide directe est une plate-forme rassembleuse qui nous renvoie tous à une réflexion profonde pour que ce problème d’exclusion cesse sa croissance continuelle. Un partenaire incontournable de l’État d’Urgence depuis 2002 est la Ville de Montréal, qui nous appuie financièrement et en services. On ne pourrait monter cet événement sans son aide.
Évidemment, cela n’empêche pas l’ATSA d’être critique, de dénoncer la répression subie dans la rue chaque jour pour « nettoyer » le centre-ville et de demander que l’on arrête de harceler ces personnes qui ont besoin d’aide et non de les écraser davantage. Par exemple, le RAPSIM (Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal ) nous informe que « la majorité des contraventions adressées aux personnes itinérantes émane de leur unique présence dans l’espace public ». Incapables de payer leurs contraventions, elles sont passibles d’emprisonnement. 4 500 dossiers en seraient à ce stade. Ces dettes les accablent. L’emprisonnement en diminue le montant de 25 $ par jour mais il en coûte 160 $ au contribuable… On emprisonne généralement quelqu’un pour purger 12 jours de prison. Ces 4500 dossiers nous en coûteraient 8 640 000 $. Ne serait-ce pas assez d’argent pour payer des intervenants dans la rue qui aideraient réellement ces personnes, au lieu de leur donner un ticket?
Avec ÉTAT D’URGENCE, L’ATSA crée un événement citoyen qui offre un temps de rencontre extraordinaire et aussi un moment médiatique pour des revendications spécifiques. Cette année, François Avard, scénariste de la série Les Bougons, a accepté de jouer ce rôle. Il est plus que notre porte-parole, il est
notre artiste associé et sera assigné à résidence, geste symbolique en lien avec le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Une action directe, appuyant les revendications du milieu en ce qui attrait à la judiciarisation des personnes itinérantes, sera posée le 26 novembre à l’ouverture de l’État d’Urgence. François commentera son assignation quotidiennement par le biais d’un journal de bord sur le site Internet de l’ATSA.
L’État d’Urgence n’a pas été prévu comme un événement récurrent au départ. Il l’est devenu parce que lorsque vous le vivez une fois, il vous happe, vous transforme et c’est difficile de s’en passer! Il n’est pas un levier économique comme on présente souvent la culture dans l’industrie mais un levier social pour contrer l’exclusion et la répression.
Avec le temps, le sentiment d’appartenance s’est installé et tous les participants, les commanditaires, les donateurs, qui réembarquent sans jamais remettre en question leur implication, le nombre de bénévoles qui augmente, nous confirment son importance… nous tenons particulièrement à les remercier car c’est eux qui font que l’État d’Urgence est ce qu’il est :
Les chefs Martin Picard et Normand Laprise et tous les restaurateurs, car à L’État d’Urgence on mange bien!
Orangetango qui fait notre image graphique depuis 2004.
Merci aussi aux commanditaires de longue date qui sont trop peu souvent nommés comme le Village des Valeurs, les piliers que sont les grands refuges et banques alimentaires ainsi que les services de première ligne tel que Médecins du monde et les nombreux intervenants de rue.
Merci à Michèle-Eugénie Roy et le projet C.A.S.A. de La Capitale Mont-Royal qui a amassé 14 000 $ pour l’État d’Urgence 2008!
Merci aussi à nos partenaires de développement durable, car produire un événement sans se soucier d’environnement et d’équité en 2008 est un non sens.
Plusieurs artistes sont des piliers dans notre programmation et chaque année ils assurent la continuité au projet : Isabelle Saint-Pierre qui assure le volet Conte et le micro ouvert, François Gourd au Bingo et à l’animation du Banquet avec Stéphane Crête, la Fanfare Pourpour, Les Voix Ferrées, Kumpan’ia et le volet Cirque avec Éliane Bonin à la barre, la présence de Wapikoni Mobile et de la Nation des sans-abri qui archive la vie des personnes sans adresse.
Cette année, nous sommes fiers de l’implication marquée des organismes communautaires qui viennent en aide aux personnes en état de précarité et qui leur offrent en cours d’année des ateliers artistiques. Nous espérons que cette édition fera connaître leur travail et montrera un visage plus positif de la rue.
Chaque année, de nombreux artistes acceptent de venir se risquer à l’État d’Urgence qui n’est pas un contexte de diffusion conventionnel. Nous les remercions pour leur talent et pour leur générosité!
Nous aimerions réitérer qu’un événement comme celui-ci n’est pas possible sans ressources humaines et financières et que nous acceptons tous les dons! Nous vous proposons l’achat de couverts et/ou de tables au Banquet Cochon payable en ligne ou par chèque à l’ATSA. On peut aussi s’inscrire comme bénévole par le biais du site de l’ATSA et c’est une des plus belles façons de faire partie de l’événement!
Merci à tous de faire de cette dixième année de l’État d’Urgence une réponse à trop de détresse humaine grâce à une forte participation citoyenne, artistique, communautaire et des médias.